Il y a deux choses primordiales à savoir lorsqu'on fréquente Clarisse. La première ; ne vous fiez pas à son apparence juvénile, vous risqueriez d'y perdre beaucoup. La seconde ; elle n'est loyale qu'à son Capitaine, et mieux vaut vous abstenir de lui offrir votre confiance car si elle a l'occasion de vous trahir, si ça peut lui servir à quelque chose, elle se servira de chaque petit détail qui lui a été confié pour ça. Manipulatrice ? Probablement un peu. Opportuniste ? C'est une évidence... Autant parce que ça l'amuse énormément que parce qu'elle peut y trouver un intérêt personnel. Égoïste, également. C'est un fait. Clarisse pense avant toute chose à son petit confort, à son propre plaisir et à ce qui pourrait lui convenir à elle. Ceci dit, elle n'irait jamais contre les intérêts de La Sea Princess, même si cela la contraint à faire des concessions. Elle a une vision très étroite de la façon dont les pirates d'un même navire doivent se comporter entre eux ; si elle n'a rien d'une honnête personne, la loyauté envers son Capitaine, le navire qu'elle défend et les autres membres de l'équipage lui semble primordiale, la rendant parfois quelque peu contradictoire dans sa façon d'être. Tant qu'elle reconnaît une légitimité aux membres importants du navire, elle s'avère être d'une docilité exemplaire, d'une loyauté sans faille et d'un respect prodigieux pour tout ce qui peut concerner le code de conduite pirate. Avec elle, son Capitaine peut être certaine que les choses seront faites, et bien. Et que Clarisse ne se retournera jamais contre elle, car elle a bien trop de respect envers la piraterie, et envers cette femme en particulier, pour ça. D'autant que la demoiselle, bien qu'ambitieuse, se contente parfaitement de son rôle de seconde. Elle n'a pas besoin de plus ; la confiance du Capitaine est une chose bien suffisante, déjà. Et comment parler de son ambition sans parler de sa détermination ? Lorsque Clarisse a un objectif à atteindre, elle ne lâche rien. Même si ça doit prendre des années. Elle sait faire preuve de patience quand il le faut. Et elle sait se battre pour obtenir ce qu'elle pense mériter.

Si vous pensiez encore que Clarisse savait faire preuve de délicatesse ou de douceur, vous êtes bien sots. Ces deux notions lui sont parfaitement étrangères ; elle ne voit pas l'intérêt d'un tel comportement. C'est une femme assez brutale, autant dans ses gestes que dans ses paroles. Si elle manque d'honnêteté, si elle se sert très souvent des autres, elle n'en demeure pas moins une personne d'une franchise certaine, qui n'a aucun problème à dire ce qu'elle pense des autres et ce, juste devant leur nez. On lui trouve, à cause de ça, une certaine arrogance qu'elle cultive, et il n'en faut pas beaucoup aux gens pour lui attribuer une froideur qui l'amuse au plus haut point. On la sait cruelle, on la sait également violente. Ses excès de colère ne sont pas rares, elle maîtrise parfois bien peu ses emportements, ce qui lui joue souvent des tours et lui fait parfois perdre légèrement en crédibilité. Ceci dit, elle arrive à regagner celle-ci de bien des façons ; elle ne manque pas d'imagination, surtout lorsqu'il s'agit de pouvoir faire du mal à une personne qui lui aurait un peu trop manquer de respect. C'est une chose qu'elle ne supporte pas. Et qu'elle ne supportera jamais... Elle a un fort caractère, c'est d'une évidence flagrante... Elle n'apprécie pas particulièrement les contacts physiques, sauf s'il s'agit de se battre ou de prendre du bon temps, mais arrive parfois à les tolérer. Tout dépendant des personnes. Il ne faut ceci dit pas s'attendre à ce qu'elle ai beaucoup de gestes affectueux à votre égard. Elle se contente, souvent, de rester à distance respectable et de vous fusiller du regard si vous tentez une approche un peu trop physique avec elle. Si vous lui imposez un contact, il y a fort à parier qu'elle ne l'acceptera pas.

Pour autant, Clarisse n'est pas seulement violente , manipulatrice, calculatrice et distante. Non, elle sait aussi se montrer drôle et spontanée, et n'a aucun mal à rire, bien que certains ne penseraient même pas pouvoir un jour réussir à faire naître ne serait-ce qu'un sourire sur ses lèvres. A vrai dire, même les blagues les plus stupidement nulles l'amusent. L'amusement est au cœur de ses priorités ; si elle ne s'amuse pas, si elle s'ennuie, elle se renferme et perd goût à tout. Fort heureusement, il semble qu'un rien parvienne à l'amuser. Pour parler de tout à fait autre chose, il lui arrive d'accorder une vraie importance à des personnes, mais ce n'est souvent qu'éphémère ; elle n'a jamais été douée pour entretenir une relation de quelque nature que ce soit, et encore moins basée sur une quelconque sincérité. Elle se lasse des gens presque aussi vite qu'elle peux s'intéresser à eux... Et croyez-bien que même pour elle, ce n'est pas si évident que ça à gérer. Ceci dit, des exceptions à la règle peuvent exister ; elle ne les a simplement pas encore trouvé. Alors, elle compense ça par une sociabilité évidente, quoi que parfois surprenante si on ne s'y attend pas. Loin d'être timide, Clarisse sait engager une conversation sans avoir à trop y réfléchir. Et, dans certains cas, on pourrait même la trouver... sympathique. Oui, ça peut arriver. Parfois.

Dix-sept ans. Le jour où sa vie morne et sans saveur, avait pris un nouveau tournant, était le jour de ses dix-sept ans. Ça, elle le savait. Elle en était convaincue. Elle savait que sa vie avait changé lorsqu'elle n'était même pas encore majeure. Une tour. Cette dimension. Ses souvenirs envolés. Quelle importance ? Quelque chose lui disait que, de toute façon, ce qu'elle avait perdu n'avait pas la moindre importance. Clarisse. Ce devait être ça. Si elle se concentrait, elle avait la sensation d'être Clarisse Alana Lewis. Probablement. Peu lui importait, finalement... Ça ne signifiait rien, au fond. Ce n'était qu'une identité ; que ce soit la sienne ou une autre, après tout, ça ne changeait rien. Elle aimait bien, ces prénoms et ce nom. C'était beau, c'était suffisant... Elle erra. Sur Main Street, d'abord, perdue et désorientée, cherchant à comprendre à quoi tout ceci rimait. Elle ne comprenait pas. Se réchauffant de ses propres bras, elle cherchait simplement à savoir ce qu'elle faisait ici. Qui elle était. Qui ils étaient tous. Et elle se souvenait aussi d'une chose ; qu'elle avait toujours aimé les histoires de pirates. Depuis... Toujours, lui semblait-il. Dix-sept ans, Clarisse Alana Lewis, absolument mordue de piraterie. Voilà tout ce qu'elle savait sur elle. Elle trouva quelqu'un qui accepta de lui parler, de répondre aux nombreuses questions qui lui brûlaient les lèvres. Très évasivement, parce qu'être amnésique semblait être un trait commun à tout le monde ici. Il fallut lui laisser un peu de temps pour appréhender cette nouvelle réalité, pour qu'elle puisse commencer à ne plus être trop perturbée par le fait qu'elle ne se souvenait de rien. Un charmant petit couple l'avait hébergée, pendant plusieurs mois, lui demandant simplement en retour quelques services. Les aider dans leur boutique, entre autre. Clarisse n'avait pas refusé ; elle n'avait aucune raison de refuser d'aider ceux qui l'aidaient en retour... « Tu devrais aller voir du côté d'Adventure Bay. J'suis sûr que tu trouverai un truc qui te plairait, là-bas. » lui avait finalement dit l'homme, quand il avait été sûr que Clarisse pouvait se débrouiller seule ici. Adventure Bay. Elle ne se fit pas prier pour y aller ; elle n'avait rien à perdre. Puisque, de toute façon, elle n'avait rien du tout.

Oh ! Adventure Bay ! L'éclat dans ses yeux ne trompait pas ; ici, elle avait le sentiment que c'était chez elle. Qu'elle était exactement là où elle avait toujours rêvé d'être. Que rien d'autre au monde ne pouvait plus compter que cet endroit. Dans un coin de sa tête, elle avait soigneusement noté qu'il fallait qu'elle remercie ce couple qui avait été si bon pour elle pendant ces mois où elle n'avait plus été personne. Elle leur devait ça. Et bien plus encore. La première chose qu'elle pu acheter fut pour eux, d'ailleurs. Un cadeau de remerciement. Et d'adieu, par la même occasion... Tout lui semblait merveilleux ici, des navires qu'elle pouvait voir aux pirates qui la bousculaient comme si elle n'était rien. Ici, c'était chez elle. Ici, c'est là où elle voulait être. Mais il n'était pas chose aisée que d'être une femme dans un univers de pirate ; Clarisse le comprit bien vite. Elle comprit également bien vite qu'il faudrait qu'elle s'endurcisse, si elle voulait survivre ici. Dans un premier temps, elle trouva un emploi à la taverne. Rien de très prodigieux, elle-même en convenait parfaitement. Mais ça lui permettait d'être au cœur des histoires fantastiques qu'elle pouvait entendre. Son caractère, lui, se faisait moins docile au fil des mois. Elle s'affirmait de plus en plus, tenait parfois même tête à des pirates qui lui manquaient un peu trop ouvertement de respect. « Écoute-moi bien, je ne suis pas ta putain. Si tu en veux une, tu sors ton cul de là et tu vas à la maison close. » Elle avait 19 ans, à ce moment là. Et elle aurait pu se prendre une vraie bonne grosse raclée si sa route n'avait pas croisé celle de la Capitaine de La Sea Princess. Ce dernière avait eu le temps d'observer Clarisse se débrouiller par ses propres moyens et survivre dans ce monde impitoyable. Et c'était une proposition qu'elle avait à lui faire. Celle de rejoindre l'équipage de La Sea Princess. Parce qu'elle avait le cran qu'il fallait pour ça, et la détermination également. Ce n'était un secret pour personne que la petite Clarisse, la serveuse de la taverne, rêvait de devenir pirate. Et ce n'était pas un secret non plus qu'elle essayait d'impressionner chacun des Capitaines qui mettaient les pieds dans la taverne. Elle était déterminée. Et la détermination avait fini par payer.

Une telle offre, elle ne pouvait pas la refuser. Peu importait si elle devait se retrouver à récurer le pont à la brosse à dents, elle ne pouvait pas refuser. Et elle n'hésita pas une seule seconde. Ce fut difficile, au début, de se retrouver dans ce monde qu'elle apprenait à découvrir. Mais chaque difficulté l'aidait à façonner ce caractère qu'elle est fière d'avoir aujourd'hui. Jamais elle ne baissait les bras. Jamais elle ne se défilait. Elle portait un respect et une loyauté sans faille à son Capitaine, en toute circonstance, se voyant progressivement confier des tâches de plus en plus importantes. Elle faisait tout pour être à la hauteur, pour montrer qu'elle avait du cran, qu'elle n'avait peur de rien et qu'elle méritait d'aller loin. Elle se battait depuis son arrivée dans la quatrième dimension ; pour survivre, pour s'endurcir, pour devenir quelqu'un. Dans l'équipage, sa force de caractère impressionnait autant qu'elle pouvait agacer. Mais elle se fichait bien de ce que les autres pouvaient penser. Ce qui comptait ? C'était ses objectifs. C'était le navire. C'était que le Capitaine puisse avoir confiance en elle. Elle dû attendre ses 22 ans, pour que les choses se concrétisent pour elle. Vingt-deux ans. Et déjà trois ans à ne jamais refuser de faire ce qu'on lui disait de faire. Trois ans à prouver sa valeur. Trois ans, avant que le Capitaine ne lui fasse cette proposition qu'elle ne pouvait une fois encore pas refuser ; devenir sa seconde. Parce qu'elle le méritait. Parce qu'elle avait les épaules pour ça. C'était la concrétisation de tout ce dont elle avait toujours rêvé. Ça n'avait étonné personne ; elle savait se faire respecter, elle n'avait pas peur de montrer qu'elle pouvait avoir de l'autorité, et mettre à la planche ceux qui le méritaient ne la faisait pas ciller... Loin de là. Elle était devenue une pirate. Une vraie. C'était elle qui bousculait dans la baie, maintenant... Même si elle se devait de respecter le Capitaine du Jolly Roger. Et l'équipage de ce dernier. Elle le faisait parce qu'elle ne voulait pas attirer d'ennui à son propre navire et parce que, c'était vrai, elle craignait le Capitaine Aaron Barnum, même si elle ne l'admettait pas si facilement que ça.

Déjà un an, maintenant, qu'elle est à la place où elle se trouve. Un an qu'elle n'a de cesse de continuer à prouver sa valeur pour continuer à mériter son rôle de seconde. Et, au fond, elle s'en fout du reste. Elle est heureuse, c'est pour le moment le plus important pour elle.